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Les cercles littéraires

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Plusieurs auteurs de l'Antiquité ont parfois réservé une partie de leur production littéraire à une circulation restreinte, limitée à un ou plusieurs amis, c'est-à-dire ont renoncé à diffuser ces écrits, ce qui ne veut pas dire que cette diffusion restreinte ne soit pas parfois suivie d'une édition en bonne et due forme. Cette dernière consiste à distribuer des copies du texte par les soins d'un éditeur ou d'un patronus,un protecteur.

Pour les commentateurs néoplatoniciens d'Aristote (aux IIe-IIIe siècle), l'ekdosis est le seul moyen qui permette à son auteur de lui conférer à la fois un caractère stylistique achevé et une autorité philosophique réelle, car sanctionnée en quelque sorte par un ultime travail de révision de l'auteur.

Correction, reprise soignée du texte par l'auteur : diorthôsis en grec, en latin emendare et corrigere. Le manuscrit du De gloria que Cicéron a envoyé à Atticus (Ad Att. XVI, 3, 1) présentait ainsi corrections et ratures, résultat d'un travail de révision. Quelquefois on demandait l'aide d'un ami pour la révision du texte. Cicéron s'adressait à Atticus (I, 14, 3) dont il craignait les miniatae (-tulae) cerulae, les corrections en cire rouge. Les poètes de l'époque d'Auguste ont eu de plus en plus recours à cette pratique dans la lignée de la poésie alexandrine. Horace en donne une description significative dans son Art poétique :

« Quand on venait lire des vers à Quintilius Varus: "Je t'en prie, disait-il, fais cette correction, puis cette autre." Répondais-tu que tu ne pourrais mieux faire, que tu avais trois ou quatre fois essayé en vain, il te disait alors de tout effacer et de remettre sur l'enclume les vers mal venus. Aimais-tu mieux défendre ta faute que de la corriger, il n'ajoutait pas un mot, renonçait à toute insistance inutile, et te laissait t'admirer tout seul et sans rivaux » (v. 438-444).

Mais c'est surtout chez Pline le Jeune que la correction devient presque une manie :

« Pour moi, je ne songe pas à être loué quand je lis, mais à l'être quand je suis lu. Je ne fuis donc aucune espèce de critique. D'abord je retouche moi-même ce que j'ai composé; ensuite je le lis à deux ou trois personnes; puis je le donne à d'autres pour y faire leurs remarques, et ces remarques, si elles me laissent quelque scrupule, je les pèse avec un ou deux de mes amis. Enfin je lis devant une assemblée plus nombreuse ; et c'est là, je vous l'assure, que je suis le plus ardent à corriger. Mon attention est alors d'autant plus éveillée, que mon inquiétude est plus grande. Le respect, la retenue, la crainte sont d'excellents censeurs. Qu'on y songe, en effet : n'est-on pas moins troublé, si l'on doit parler devant un homme seul, quelque savant qu'il soit, que si l'on doit discourir devant plusieurs, fussent-ils ignorants?... Ce que M. Cicéron disait du travail écrit, je le dis de la crainte : la crainte est le plus sévère des censeurs. Cette seule pensée, que nous devons lire en public, corrige nos ouvrages. Paraître devant une assemblée, pâlir, trembler, regarder autour de soi, tout contribue à nous réformer. »(VII, 17, 7-8 et 13).

Avec raison, A.-M. Guillemin écrivait : « Le crayon rouge d'Atticus est devenu la lima du correcteur maniaque, la précaution a dégénéré en tic ».


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