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Créer un « horizon d’attente »
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Ainsi, le livre imprimé devient un objet non plus destiné à
un acquéreur spécifique, mais en attente d'un lecteur potentiel, sollicité par
une offre qui est indépendante d'une commande préalable, comme dans le cas du
livre manuscrit. L'auteur, davantage confronté à la réalité de la demande de
son public, est conduit à le prendre en compte dans la rédaction même de son
ouvrage, et est ainsi plus sensible au phénomène des modes littéraires :
modes littéraires que les éditeurs suivent ou suscitent, et qui déterminent
leurs « politiques éditoriales », tandis que l'intégration du livre
dans un système commercial exalte l'esprit de concurrence (et d'émulation) qui
règne alors dans le milieu de l'imprimerie humaniste. Frédéric Barbier pose
ainsi le problème de la lecture comme « pratique » en montrant que la
« construction du texte » naît d'une « dialectique entre les professionnels
et le public : le libraire publiera (...) ce qu'il pense susceptible de
réussir ». Quant aux auteurs, il en est certains qui « orienteront
leur écriture en fonction de cette réussite possible » :
ainsi de Rabelais, qui profite de l'engouement populaire suscité par les
chroniques gargantuines, grand succès de foire, pour écrire le Pantagruel, pensé comme leur suite. Le
cas de Rabelais montre « comment l'initiative d'écrire se prend par
rapport à un certain public et à son horizon d'attente »
, horizon d'attente
largement créé par les libraires-éditeurs.