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Les formes de l'objet livre

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Le manuscrit, c'est ce qui est écrit à la main (comme son nom l'indique). Mais tout ce qui est écrit à la main n'est pas forcément appelé « manuscrit » ; par exemple, les correspondances (les lettres de Napoléon à l'impératrice Marie-Louise sont des billets rapidement écrits par l'empereur, non des « manuscrits »).

En revanche, on a gardé des rédactions autographes des poèmes de Victor Hugo, des exemplaires grand format où Anatole France, amateur de belle écriture et de beau papier, recopiait, plus d'une fois en plusieurs exemplaires - ad usum amicorum (à l'usage de ses amis) - tel de ses romans, reproduisant parfois, à n'en pas douter, le texte déjà imprimé.

Le fait de l'écriture manuelle n'est donc pas en soi essentiel à la notion philologique de manuscrit. Du reste, le terme manuscriptum est de création récente : il a été employé pour la première fois au IIIe siècle de notre ère pour le latin (dès le IIe siècle avant notre ère, le grec a connu le terme chirographe), pour désigner le caractère « authentique », « autographe » d'un document et non le fait de son écriture à la main. Cicéron emploie une douzaine de fois le mot chirographum (translittération du grec, « écrit à la main ») dans le sens de « notes » personnelles.

Pour le philologue, le manuscrit est essentiellement un livre. C'est au travail de librairie et d'édition que se réfère cette notion. Le livre manuscrit s'oppose ainsi au livre imprimé.

Au début de l'imprimerie, il n'en allait pas de même. Pendant longtemps et dans plusieurs cas jusqu'à la fin de la Renaissance, le livre imprimé n'a été en quelque sorte qu'un succédané du livre manuscrit. Pour les humanistes du XVe siècle et même pour ceux du XVIe, le mot libri désigne ce que nous appelons « manuscrits ».

L'Antiquité a connu successivement deux formes de « livre », le volumen et le codex.


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