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Le livre imprimé

Du livre naissant au « livre
conquérant » : c'est ainsi que l'on pourrait nommer la période qui,
depuis la « révolution Gutenberg » jusqu'à la fin du XVIe siècle,
voit s'épanouir le monde de l'imprimé, marqué par les métamorphoses des
supports de l'écrit tout comme par la naissance et l'affirmation des
libraires-imprimeurs, futurs éditeurs des temps modernes : au sein de
leurs officines se jouent la fabrication, l'élaboration et la diffusion du
livre, tout comme se pense et se renouvelle l'ensemble des dispositifs
matériels qui transforment progressivement l'espace visuel d'un objet non pas
seulement culturel, social et marchand, mais aussi esthétique et symbolique.
Ainsi, c'est à la Renaissance que la présentation de l'imprimé connaît une
progressive mutation, à la faveur des évolutions techniques et typographiques
qui en affectent la morphologie et la mise en page. L'espace du livre est
d'abord un espace matériel et visuel
qui soutient une lecture qui, pour être encore, en bien des circonstances,
orale et collective, se fait aussi de plus en plus oculaire et intime. Si le
texte est appelé à être lu, le livre qui lui sert de support est tout autant
appelé à être vu, et cette interaction entre le lisible et le visible connaît,
à la période qui nous intéresse, des formulations autant diverses qu'inédites.