- Mardi 05 avril, 20h30, Maison Des Étudiants, salle Jean-Moulin
- Avec le Collectif N’Ouzon Ket
Au fur et à mesure qu’il quitte son costume de personnage queer pour reprendre ses habits d’homme, « Moi » tombe le masque, s’ouvre, et se montre dans toute son humanité, en toute intimité.
Tout en pudeur, on découvre un parcours de vie. « Moi », au fil des confidences, laisse apparaitre son enfance, ses amours, ses blessures passées… obésité, anorexie, une mère aimante mais maladroite, un père qui rejette violemment l’homosexualité de son fils.
Une pièce qui nous parle d’acceptation de soi, de résilience en nous montrant un homme bien dans sa vie, qui s’est construit avec ses failles, et à travers son métier qu’il aime passionnément sans être dupe de ses écueils.
Ô ! Mes loges …
« C’est moi, et ce n’est pas moi. C’est mon corps, et ce n’est pas mon corps. C’est une voix mais ce n’est pas ma voix. C’est une force, qui me pousse et qui m’anime. Ce n’est pas moi...
Et c’est moi pourtant, avec eux. Et dans l’Océan des salles obscures, leurs mains sont comme des fleurs d’écumes qui s’ouvrent, se referment, me caressent, et me percent, Et m’emportent... »
C’est adolescent que j’entends pour la première fois, la longue dame brune, Monique Andrée Serf, Barbara, Lily Passion, dire ces mots-ci. Ô mes théâtres … Et j’ai l’impression qu’elle me les dit, et c’est incongru, c’est impossible… Pourtant c’est à moi qu’elle dit ces mots, comme un avertissement, presque, une mise en garde.
Elle est sur scène, elle dit ce que l’on n’est pas censé voir et ce n’est ni impudique, ni confessionnel … c’est juste dit. Il faut donner. Le public réclame sa part de chair.
En échange, peut-être, on trouvera quelques miettes d’amour anonyme et tarifé dans l’effluve d’un bouquet, il y aura ce spectateur qui viendra voler un instant, ces regards d’après qu’il est, parfois, si difficile de lire.
Mais je le devine : elle joue. C’est Lily Passion qui parle. Ce n’est pas Barbara. Barbara ment. Barbara est restée dans la loge. C’est là que je veux être.
Il y a cette avidité du public.
Il y a un lieu sûr et secret : la loge. Là, il n’y a plus rien à jouer. Il y a cette magie qui opère, celle qui retient le public loin de ce sanctuaire, de ce bout de monde où l’on ne joue pas. Tout va bien, ils ne viendront pas jusqu’ici.
Et si … et … si ?
S’ils viennent, je leur montrerai combien nous sommes semblables, j’enlèverai mon maquillage et mon costume, je dépouillerai mes mots, les dépouillerai jusqu’à la blessure refermée, la cicatrice, la confidence, le souvenir, le sourire, la complicité, la séduction, l’amour. Néanmoins, je leur dirai la vérité, j’avouerai que tout a été répété, que tout n’est qu’une illusion et que ça n’a pas besoin d’être un secret, c’est juste du bon sens : « toi et moi nous le savons … c’est … pour … de … faux ».
Malik Slimane
De & Avec : Malik Slimane
Mise en scène : Charlotte Cany, Erwan Andrieux, Malik Slimane
Chorégraphies : Charlotte Cany
Scénographie et costumes : Violaine Andrieux & Erwan Andrieux
Durée : 1 heure 30
★ Pour aller plus loin :
Les créations N’Ouzon Ket explorent les chemins sinueux de la liberté d’être soi, à travers différentes réalités du monde dans un univers toujours empreint de poésie et de sourire. Au coeur de leurs créations des situations, des arrières plans qui prennent racine dans une réalité sociétale : charge mentale, deuil, homosexualité, solitude, image de soi …Les personnages révèlent la part intime qui fait sens en eux, celle qui les guide vers la liberté, la résilience et la joie.
Pour suivre le collectif :
Dernière mise à jour : 01/04/2022
