Soutenance de thèse

Le Vendredi, 31. janvier 2025 -
13:30 - 19:00
Salle St Charles 2 Des Actes

Mme Isabelle ILLANES

Soutiendra vendredi 31 janvier 2025 à 13 h 30

Salle des Actes n° 009 à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 2

une thèse de DOCTORAT

Discipline : Sciences du langage

Titre de la thèse : Les territoires de l'expérience de visite : analyse discursive et interactionnelle de scénographies muséales)

Composition du jury :

  • Mme Lucie ALIDIÈRES, Maîtresse de conférences, Université de Montpellier Paul-Valéry, codirectrice de thèse
  • Mme Muriel LEFEBVRE, Professeure, Université Toulouse -Jean Jaurès
  • M. Dominique MAINGUENEAU, Professeur émérite, Sorbonne Université
  • Mme Marie-Anne PAVEAU, Professeure, Université Sorbonne Paris Nord
  • M. François PÉRÉA, Professeur, Université de Montpellier Paul-Valéry, directeur de thèse
  • M. Arnaud RICHARD, Professeur, Université de Toulon
  • M. Jérémi SAUVAGE, Professeur, Université de Montpellier Paul-Valéry

Résumé de la thèse :

Cette thèse propose d’analyser l’expérience de visite dans les expositions de musées à partir de la perspective de l’analyse du discours et des interactions. Elle s’attache à préciser son cadre de production aux échelles sociétale et institutionnelle et à caractériser la dynamique du cours d’action de la visite. À travers un cadre conceptuel articulant une approche diachronique du dispositif expographique (Pomian, 2020) à une approche écologique du discours (Paveau, 2013) que nous inscrivons dans le paradigme de complexité (Morin, 2014), nous mettons en lumière le caractère situé de l’expérience de visite. En faisant dialoguer les cadres du discours constituant (Maingueneau & Cossutta, 1995), de la scène d’énonciation (Maingueneau, 1993), de la démarche interactionniste (Goffman, 1974 ; Kerbrat-Orecchioni, 1990 ; Traverso, 2004) et des approches de l’expérience par John Dewey (1973) et Jacques Theureau (1994), nous identifions trois territoires discursifs au sein desquels se configure l’expérience de visite : les espaces instituant, institué et vécu. Pour les documenter, nous construisons un appareil méthodologique ad hoc combinant aux outils traditionnels de l’enquête ethnographique un dispositif technologique d’enregistrement des comportements de visite (conversations et trajectoires). Nous déployons cet appareil sur les terrains de deux expositions temporaires programmées au Muséum de Toulouse et au Musée de l’Éphèbe (Agde) pour la saison culturelle 2022-2023. À travers nos protocoles de recherche exploratoires, nous mettons en évidence un ensemble de caractéristiques pour chaque territoire. Au sein de l’espace instituant, l’expérience de visite est configurée par les paramètres environnementaux stabilisés à l’échelle sociétale à travers la promulgation de textes juridiques aux niveaux international (UNESCO, Conseil de l’Europe, ICOM) et national (Code du Patrimoine). L’étude de leurs spécificités sémantiques, énonciatives et pragmatiques met en lumière les procédés par lesquels un groupe de locuteurs consacré détermine un périmètre à la notion de patrimoine, aux discours et aux cadres de pratiques afférents circulant dans le groupe social. Ce travail illustre le caractère constituant du discours patrimonial, notamment sa capacité à charpenter le groupe social. À partir de ce cadre, les institutions culturelles muséales stabilisent les pratiques de production expographique sous la forme d’un genre dont nous documentons les caractéristiques. En tant qu’espaces institués, elles se positionnent comme des lieux d’intermédiation du patrimoine. Notre démarche adhérant à une approche écologique du discours, nous identifions les paramètres de généricité expographique en nous appuyant sur les cinq formes de la transtextualité identifiées par Gérard Genette (1982) que nous étendons aux paramètres environnementaux. Pour finir, nous sondons l’espace vécu, c’est-à-dire le champ phénoménal des acteurs (Ribau et al., 2005), à la recherche des indices de subjectivité agissant sur le discours expographique (appels aux imaginaires et aux affects réalisés par les professionnels du secteur). Nous caractérisons également la dynamique interactionnelle observable dans le cours d’action de la visite. Nous mettons en lumière la structure globale et locale des interactions en contexte de visite d’exposition muséale et dessinons une typologie de publics tripartite. In fine, cette thèse montre que l’expérience de visite se situe au confluent de trois territoires discursifs dont les scénographies propres constituent le principe de fonctionnement homéostasique qui assure l’autorégulation du système expérientiel.

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This thesis aims to analyze the visiting experience in museum exhibitions from the perspective of discourse and interaction analysis. It focuses on specifying the framework of production at the societal and institutional levels and characterizing the dynamics of the visiting action. Through a conceptual framework combining a diachronic approach to the expographic dispositif (Pomian, 2020) with an ecological approach to discourse (Paveau, 2013), which we situate within the paradigm of complexity (Morin, 2014), we highlight the situated nature of the visiting experience. By bringing together the frameworks of constitutive discourse (Maingueneau & Cossutta, 1995), the scene of enunciation (Maingueneau, 1993), the interactionist approach (Goffman, 1974; Kerbrat-Orecchioni, 1990; Traverso, 2004), and approaches to experience by John Dewey (1973) and Jacques Theureau (1994), we identify three discursive territories within which the visiting experience is configured: the instituting, instituted, and lived spaces. To document these, we develop an ad hoc methodological apparatus combining traditional ethnographic tools with a technological device for recording visitor behaviors (conversations and trajectories). This apparatus is deployed in the context of two temporary exhibitions held at the Muséum de Toulouse and the Musée de l’Éphèbe (Agde) during the 2022-2023 cultural season. Through our exploratory research protocols, we highlight a set of characteristics for each territory. Within the instituting space, the visiting experience is shaped by environmental parameters stabilized at the societal level through the promulgation of legal texts at the international (UNESCO, Council of Europe, ICOM) and national (Heritage Code) levels. The study of their semantic, enunciative, and pragmatic specificities sheds light on the processes by which a dedicated group of speakers defines a boundary for the notion of heritage, its discourses, and related frameworks circulating within the social group. This work illustrates the constitutive nature of heritage discourse, particularly its ability to structure the social group. From this framework, cultural and museum institutions stabilize expographic production practices in the form of a genre, which we document in terms of its characteristics. As instituted spaces, they position themselves as places of heritage mediation. Adopting an ecological approach to discourse, we identify the parameters of expographic genericity by drawing on the five forms of transtextuality identified by Gérard Genette (1982), which we extend to environmental parameters. Finally, we probe the lived space, meaning the phenomenal field of the actors (Ribau et al., 2005), in search of indicators of subjectivity that influence the expographic discourse (appeals to the imaginary and emotions made by professionals in the field). We also characterize the observable interactional dynamics within the course of the visit. We highlight the global and local structure of interactions in the context of a museum exhibition visit and propose a tripartite typology of audiences. Ultimately, this thesis shows that the visiting experience exists at the confluence of three discursive territories, the respective scenographies of which constitute the homeostatic operating principle that ensures the self-regulation of the experiential system.

Dernière mise à jour : 14/01/2025