Mme Biljana PROKOVIC
Soutiendra vendredi 13 décembre 2024 à 14 h 30
Salle des Actes n° 011 à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 1
une thèse de DOCTORAT
Discipline : Esthétique
Titre de la thèse : Le Réel et le Temps dans l'Odyssée. Une mythologie du langage et des images de l'inconscient
Composition du jury :
- Mme Frédérique MALAVAL, Maître de conférences habilitée, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directrice de thèse
- M. Bernard SALIGNON, Professeur émérite, Université Paul-Valéry Montpellier 3
- Mme Giorgia TISCINI, Professeure, Université Rennes 2
- Mme Juliette VION-DURY, Professeure, Université Sorbonne Paris Nord
Résumé de la thèse
Pour la Grèce ancienne terre d’oracle, la langue est une instance de création et d’inspiration sous l’autorité des muses, qui relie la langue des hommes et des dieux, un déjà là de toute éternité et le lieu du grand Autre que découvre la psychanalyse. Homère nous raconte aussi cette traversée du langage — en lui-même un récit toujours imagé — à la source de la parole vivante, racine du muthos et du logos qui portent le pouvoir magique du langage mi-dieu mi-bête. La langue de l'épopée fait apparaître ainsi le merveilleux entremêlé de quelque chose d’intangible qui touche et produit du réel. Nous suivrons avec l'Odyssée le retour à ce point de réel de la matière poétique, qui par son traitement fait apparaître un motif dans le tissage de l’inarticulable dont le corps est au départ assailli. Cette négativité au cœur du toucher est réversibilité du sensible ouvrant l’espace de l’inouï, où Homère nous conduit à voir le rapport de la langue avec la part invisible et sauvage de l’inconscient, dont les yeux et les oreilles sont aux aguets de la mort. Par conséquent à la lecture d'une odyssée de la mémoire inscrite dans la langue comme élégie du manque et premier opérateur du désir de l'être en exil, la trame narrative du voyage de retour va rendre compte du rapport originaire de la poésie à la perte, signifiant à chaque étape une structure du Temps et de l'Espace à l'avènement du corps de la Parole. Dans cet autre dimension de l'émergence de l'humanité, le sujet de l’inconscient devient le héros naviguant entre l'abîme du réel et le point vertigineux du langage où le symbolique devient création. En suivant le mouvement circulaire du désir et de la jouissance au fondement du mythe, les six premières îles deviennent fragments de sens issus du chaos archaïque de son point opposé. De là, le mouvement dialectique de la pensée s'enclenche pour accomplir un travail de représentation qui engage l'être-de-la-demeure au franchissement du seuil, rencontré à la croisée des chemins du temps du retour chez soi. Une dynamique se manifeste ainsi toujours dans l'attente et l'anticipation d'une Ithaque, où le sujet fidèle à lui-même, reconnu se reconnaît dans l'accomplissement du deuil de la perte originaire, pour assumer la souveraineté d'une nouvelle relation symbolique au monde.
___________________________________
In ancient Greece, the land of oracles, language is an instance of creation and inspiration under the authority of the muses, connecting the language of humans and gods, a pre-existing eternal presence and the locus of the big Other discovered by psychoanalysis. Homer also recounts this journey through language- in itself an ever-imagined narrative- to the source of the living word, the root of « mythos » and « logos » that carry the magical power of language part god part beast. The epic thus reveals the enchanted intertwined with something intangible that touches and produces the real. With the « Odyssey », we follow the return to this point of real in poetic material, which, through his traitement, reveals a pattern in the weaving of the unarticulable by which the body is assaulted. Consequently, in reading a memory's odyssey inscribed in language as an elegy of what is missing and the primary operator of the desire of the Being in exile, the narrative framework of the return journey will account for the poetry's primordial relation to loss, signifying at each stage the structure of Time and Space at the advent of the body of speech. In this alternate dimension of humanity's emergence, the subject of the unconscious becomes the hero, navigating between the abyss of the real and the vertiginous point of language, where the symbolic becomes creation. Following the circular movement of desire and jouissance at the foundation of myth, the first six islands become fragments of meaning arising from the chaos of the opposite point. From there, the mouvement of dialectic thought is initiated to accomplish the work of représentation which involves the-Being-of-dwelling in crossing the threshold, when meeting the crossroads of the path of time on the return home.This dynamic is always in waiting and anticipation of an Ithaca, where the subject, faithful to himself, once recognized, recognises himself in the accomplishment of mourning the original loss, thereby assuming the sovereignty of a new symbolic relationship with the world.