Soutenance de thèse

Le Mardi, 2. juillet 2024 -
14:00 - 19:00
Salle des Actes à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 - Site Saint Charles

Mme Nadège LEGROUX

Soutiendra mardi 2 juillet 2024 à 14 h

Salle des Actes n° 011 à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 1

une thèse de DOCTORAT

Discipline : Géographie et aménagement de l’espace

Titre de la thèse : A limit to the ocean Frontier ? The offshore construction of the Costa Rica Dome

Composition du jury :

  • M. Roberto CASATI, Directeur de recherche, CNRS Paris
  • M. Christophe GRENIER, Maître de conférences habilité, Nantes Université
  • Mme Alix LEVAIN, Chargée de recherche CNRS, Université de Bretagne Occidentale
  • Mme Stéphanie LEYRONAS, Chargée de recherche, Agence française de développement
  • Mme Kimberley PETERS, Professeure, Université d’Oldenbourg (Allemagne)
  • M. Estienne RODARY, Directeur de recherche IRD, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directeur de thèse
  • Mme Tania RODRIGUEZ, Professeure, Université du Costa Rica

Résumé de la thèse

Cette thèse questionne le narratif de “Front océanique” en s’intéressant à un objet géographique en cours de construction, le dôme thermique du Costa Rica. Ce narratif, particulièrement présent au cours des dernières années dans les arènes scientifiques, politiques et économiques, s’appuie sur une vision d’ouverture et de vide océaniques comme opportunité d’expansion humaine et de contrôle. Cette approche accompagne la croissance et la diversification des usages des océans depuis la fin du 20e siècle, à un moment pourtant où les impacts anthropogéniques sont sans précédents et où plusieurs limites planétaires ont été dépassées. Dans ce contexte, différents acteurs s’efforcent d’atteindre des espaces océaniques éloignés et profonds. Parmi ces espaces, le dôme thermique du Costa Rica a commencé à être décrit au milieu du 20e siècle par des océanographes lors de l’extension de pêcheries thonières dans l’océan Pacifique tropical oriental. Le Dôme qualifie un événement thermique mobile et labile, la remontée d’eaux froides riches en nutriments plus proches de la surface, circulant entre la Haute mer et les Zones économiques exclusives en majorité du Costa Rica et du Nicaragua. Ce travail explore la construction sociale de ce phénomène dans les trois principaux champs qui l’ont abordé : les sciences océanographiques, les pêcheries hauturières et le secteur de la conservation de la biodiversité. Il s’appuie sur une approche inductive et des méthodes qualitatives croisant entretiens, corpus documentaires et observations ethnographiques réalisés en partie en ligne, en France, et lors d’un travail de terrain auprès de différents secteurs maritimes au Costa Rica.

Depuis son émergence en tant qu’objet social, le Dôme est resté un espace offshore, difficilement accessible et gouvernable pour des acteurs qui ont déployé diverses stratégies pour le connaître et l’utiliser. La recherche océanographique mobilise de manière grandissante la médiation technique pour déchiffrer un espace géophysique aux contours flous. Plusieurs pêcheries, en particulier des flottes industrielles de pêche lointaine, se sont approchées au plus près du Dôme. Ces rencontres ne se sont toutefois pas révélées stratégiques de manière constante et les pêcheurs continuent à le considérer comme un espace fluide aux configurations dynamiques qui servent des usages labiles. Plus récemment, le Dôme est devenu un sujet d’attention pour le secteur de la conservation de la biodiversité. Des organisations environnementales non-gouvernementales ont pris le devant pour en faire le support d’une géographie de la promesse qui propose différentes solutions de gouvernance aux enjeux de protection de la Haute mer. Pourtant, en tant qu’élément offshore, le Dôme reste à la limite du monde. Inappropriable, il invite à considérer un narratif autre que celui du Front.

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This thesis questions the narrative on the “ocean Frontier” through the study of a geographical object in the making, the Costa Rica Dome. This narrative, particularly strong in scientific, political and economic arenas over the past years, builds on views of oceans’ openness and emptiness as opportunity for human expansion and control. It has especially accompanied the growth and diversification of ocean uses since the end of 20th century, at a time of unprecedented anthropogenic impacts and concerns over the trespassing of planetary boundaries. Within this momentum, different actors strive to reach remote and deep oceans. Among these spaces, the “Costa Rica Dome” began to be defined in the mid-20th century by oceanographers during the development of tuna fisheries in the eastern tropical Pacific Ocean. The Dome qualifies a mobile and labile thermal event, the rise of cold, nutrient-rich “upwelled” waters closer to the surface between the High Seas and the Exclusive Economic Zones mainly of Costa Rica and Nicaragua. This research explores this phenomenon’s social construction in the three main fields that have approached it: oceanographic sciences, fisheries, and biodiversity conservation. It relies on an inductive, qualitative methodological approach joining in-depth interviews, textual analyses and ethnographic observations carried out partly online, in France, and during fieldwork with different maritime sectors in Costa Rica.

Since its inception as a social object, the Dome has remained an offshore space, hardly accessible, manageable or governable to actors who have deployed various strategies to know and utilize it. Oceanographic research has increasingly mobilized remote technical mediation to decipher a geophysical space with fuzzy contours. Various fisheries, especially industrial and from distant-water fishing nations, recurrently came close to the Dome’s occurrence. These encounters nevertheless did not prove strategic on a stable basis and fishers still relate to it as a fluid space whose dynamic configurations serve them in labile ways. More recently, the Dome has also become a subject for the global marine conservation sector. Under the leadership of Environmental Non-Governmental Organizations, it is being constructed as a geography of promise to advocate governance solutions for the protection of biodiversity in the High Seas. Yet, as an offshore feature, the Dome appears at the limit of the human world. Beyond appropriation, it invites us to consider a narrative other than the Frontier.

Dernière mise à jour : 20/06/2024