M. Ali EROL
Soutiendra mercredi 14 décembre 2022 à 14 h
Salle Auditorium à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 2
une thèse de DOCTORAT
Discipline : Arts spécialité Musicologie
Titre de la thèse : Relations entre l’héritage musical ottoman, les politiques culturelles de Turquie et les compositions des Cinq turcs
Composition du jury :
- M. Guilherme CARVALHO, Maître de Conférences, Université Paul-Valéry Montpellier 3
- Mme María Encina CORTIZO RODRÍGUEZ, Professeure, Université d’Oviedo (Espagne)
- Mme Marie-Bernadette DUFOURCET, Professeure émérite, Université Bordeaux Montaigne
- M. Yvan NOMMICK, Professeur, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directeur de thèse
Résumé de la thèse
Au début du XXe siècle, le gouvernement turc prônait l’idéal d’une musique nationale créée à partir de sources populaires afin de constituer un repère culturel commun. Le groupe de compositeurs appelé les Cinq turcs en fut le protagoniste, or ceux-ci se servirent à la fois de la musique populaire et de la musique savante traditionnelle ottomane, malgré l’opposition de l’État à cette dernière. Dans la thèse, nous montrons les points de convergence et de divergence entre idéologie et musique. L’utilisation des musiques traditionnelles dans la musique officielle n’est cependant pas une tendance propre à la Turquie du XXe siècle. Les institutions musicales de l’Empire ottoman furent réformées au XIXe siècle, puis des compositeurs musulmans et non-musulmans employèrent la musique savante traditionnelle dans le cadre d’harmonisations pour piano seul. Plus tard, le nationalisme musical arménien produisit à la fois des pièces instrumentales et lyriques, à la recherche d’une expression inédite puisant dans le folklore. Quant à la Turquie, elle opère une transition vers un nationalisme à l’identité singulière, où les Turcs optèrent pour une musique nationale soulignant l’élément populaire, tout en s’inspirant des nouveautés de la musique savante occidentale du XXe siècle. Lors de la fondation des conservatoires, orchestres, radios et opéras à Istanbul et à Ankara, trois voies se distinguaient dans les compositions des Cinq turcs : une première voie personnelle sous l’influence du turquisme ; une seconde voie institutionnalisée par Paul Hindemith lors de son mandat en Turquie, et une troisième voie qui portait l’influence de la musique savante traditionnelle, à l’encontre donc de l’idéologie musicale de l’État. Cette dernière voie est significative, car elle confirme que l’esthétique personnelle peut amener un élargissement du cadre restreint d’une idéologie politique