L’IRCL fête ses vingt ans !

L'Institut de recherche sur la Renaissance, l'âge Classique et les Lumières (IRCL, UMR 5186 CNRS) fête ses vingt ans. Pour l'occasion, Florence March, directrice de ce laboratoire et professeure des universités en Études anglophones, nous brosse  le programme de cette célébration et dresse un bilan du chemin parcouru.

L'IRCL a 20 ans : il y a eu « A Year With Shakespeare ! » en 2016, « Lire, dire, jouer Molière » en 2022, et bien d’autres événements d’envergure… En quelques mots que représente l'IRCL pour la recherche et quelles sont les grandes étapes ayant marqué l’histoire de votre unité de recherche ?

L’IRCL résulte de la fusion, en 2003, de deux unités mixtes de recherche sous la double tutelle du CNRS et de l’Université Paul-Valéry : le Centre d’études et de recherches sur la Renaissance anglaise (CERRA) et le Centre d’études du XVIIIe siècle (CEDIM), bientôt rejoints par des enseignants-chercheurs du Centre interdisciplinaire de recherche sur les îles britanniques et l’Europe des Lumières (CIRBEL) et du centre de recherches « Moyen Âge – Renaissance – Baroque » (MARENBAR).

L’équipe de l’IRCL, qui compte actuellement 85 membres, regroupe des chercheurs, enseignants-chercheurs et doctorants en Humanités, issus de six disciplines différentes. L’équipe se fédère autour d’un projet scientifique commun : « Arts vivants, cultures, patrimoines dans l’Europe de la Renaissance aux Lumières : généalogies, circulations et enjeux contemporains », dont elle a à cœur de partager les enjeux et résultats aux niveaux local, national et international, avec le grand public, les médias et les acteurs du monde culturel, politique et socioéconomique.

Quelles sont les disciplines qui se croisent et collaborent au sein de votre laboratoire ?

L’IRCL a la spécificité d’être un laboratoire pluridisciplinaire, qui regroupe des anglicistes, des francisants, des lusistes, des historiens de l’art, des musicologues et des philosophes, tous spécialistes des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles.

Le défi consiste à faire en sorte que ces disciplines ne soient pas juxtaposées au sein de l’équipe mais que les chercheurs travaillent ensemble en imaginant des programmes communs : c’est en croisant les regards, les méthodologies et les compétences que l’on peut renouveler les approches de nos corpus et de nos périodes, et faire ainsi émerger de nouvelles problématiques de recherche. Par exemple, le programme « Arrêt sur scène / Scene Focus – Théâtres européens de la Renaissance aux Lumières » implique des chercheurs des six disciplines de l’IRCL et a permis d’inventer en 2012 la formule du « colloque-festival », espace-temps de rencontre et de dialogue entre chercheurs et artistes autour d’un même objet d’étude tiré des corpus dramatiques de la première modernité abordés à l’échelle de la scène ou d’un type de scène.

Considérée comme une bonne pratique de recherche, cette formule est désormais mise à l’honneur par d’autres équipes qui travaillent en France dans le domaine de la recherche-création.

« Les Rencontres de Bournazel », dont l’IRCL a fêté le dixième anniversaire en 2022, ont lieu chaque année au mois de septembre dans le château et ses jardins restaurés en Aveyron. Annuelles et internationales, portées par les historiens de l’art et spécialistes de Lettres modernes de l’IRCL, ces rencontres originales, qui impliquent les six disciplines de l’équipe et sont ouvertes au grand public, favorisent la recherche sur la Renaissance in situ en mettant en regard débats théoriques, patrimoine architectural et collections d’art.

Le travail des dix-huitiémistes de l’IRCL sur les correspondances fédère francisants et musicologues, notamment autour d’un important programme sur l’édition de la correspondance de Beaumarchais : une école thématique co-financée par le CNRS et l’Université Paul-Valéry s’est tenue en mai dernier à Sète pour explorer les enjeux et les défis que pose l’édition d’une correspondance d’Ancien Régime à l’ère du numérique.


Quels seront les principaux événements et dates à retenir du programme de cette célébration ?

Toute l’équipe fête ses vingt ans en 2023 ! À l’occasion de ce bain de jouvence, l’IRCL invite la communauté universitaire de Paul-Valéry et ses partenaires territoriaux, nationaux et internationaux à une journée festive qui mettra en valeur nos corpus et objets de recherche, notre pluridisciplinarité, ainsi que quelques-unes de nos conventions de partenariat de recherche.

Quatre spectacles seront proposés sur le campus Saint-Charles entre 14h et 19h, suivis d’un cocktail jusqu’à 21h : l’un met à l’honneur des étudiants du département de musicologie de l’UFR 1 et des élèves du Conservatoire, sous la houlette de Patrick Taïeb et en collaboration étroite avec la Compagnie Théâtre du Matin (lire article) ; un autre est joué par des étudiants de licence 3 du département d’études anglophones de l’UFR 2, sous la direction de Sophie Vasset ; une surprise est concoctée par la compagnie de théâtre britannique des Edward’s Boys, avec qui l’IRCL a signé une convention en avril 2022. Enfin, une lecture-promenade a été imaginée à partir d’un corpus de textes des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles constitué par un groupe de chercheurs de l’équipe coordonné par Evelyne Berriot-Salvadore. Elle sera interprétée par la compagnie de La Baignoire à Montpellier, avec qui l’IRCL a une longue collaboration de recherche-création, dans une mise en scène de Béla Czuppon, son directeur artistique.

 

Quelles perspectives et défis à relever dans les prochaines années ?

À partir du 1er janvier 2024, l’IRCL bénéficiera d’une troisième tutelle aux côtés de l’Université Paul-Valéry et du CNRS : le ministère de la Culture. C’est l’aboutissement logique de l’entrée de l’UMR, en janvier 2021, dans l’accord-cadre du CNRS avec le ministère de la Culture qui soutient actuellement trois programmes de l’équipe menés conjointement avec le festival international de création « Printemps des comédiens » : « Shakespeare et citoyenneté » avec 160 élèves et les équipes pédagogiques de six collèges de Montpellier ; la phonothèque « De Puck à Figaro » imaginée pendant la pandémie Covid-19  ; le nouveau dispositif, lancé en janvier 2023, de « résidences d’artistes en laboratoire scientifique », qui institutionnalise une pratique de longue date de l’IRCL pour accompagner des artistes qui travaillent en région, en France et à l’étranger sur des œuvres de la première modernité.

Cette évolution du contrat à la mi-parcours demande un engagement tout particulier de l’équipe, qui a déjà collectivement rencontré les représentants du ministère de la Culture en novembre dernier. Le dialogue qui se construit avec cette nouvelle tutelle est essentiel pour accompagner la stratégie scientifique de l’IRCL dans le domaine des arts, des cultures et des patrimoines européens hérités de la Renaissance, de l’Âge classique et des Lumières, et de leurs dynamiques contemporaines.

Dernière mise à jour : 07/06/2023