Le projet

ICARES est un projet collaboratif réunissant de nombreuses structures de recherche sous (co)tutelle de l'UPVM (18 fin 2023), dont la MSH-SUD qui soutient le dialogue inter/trans-disciplinaire. Il a été impulsé en partenariat avec le Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier (CHU), l'Ecole Supérieure d'Archicture de Montpellier (ENSAM) et Montpellier Mediterranée Métropole (3M). Il s'inscrit dans le cadre de l'initaitive Med Vallée   de la Métropole qui vise à faire de Montpellier un pôle mondial d'excellences en santé globale.

Développer la santé globale en tant que domaine académique

Depuis plusieurs décennies, les sciences humaines et sociales (SHS) ont investi les questions de santé et de lutte contre les épidémies. Le développement de l’histoire, la géographie, la sociologie et l’anthropologie de la maladie, notamment, a permis de mieux comprendre les modes de diffusion des pathologies, des troubles et des affections. L’histoire permet de prendre du recul et apporte de la profondeur aux réflexions sur les enjeux sanitaires. La philosophie a largement contribué aux nouvelles interrogations sur l’éthique médicale. La psychologie a pris une place grandissante dans l’accompagnement des difficultés mentales. Les sciences de l’information et communication analysent les représentations de la santé et la défiance à l’égard des politiques de santé. Par ailleurs, les humanités en santé - qui se sont développées au départ dans les facultés de médecine, mais ont largement essaimé dans d’autres domaines, ont ouvert de nouvelles perspectives interdisciplinaires entre sciences humaines et santé. Les questions du care, l’approche des épidémies sur la très longue durée, le rôle du récit en santé, les perspectives croisées sur la douleur, la réflexion environnementale sur les espaces toxiques, les représentations du handicap, la place des femmes et du genre dans la santé, ou encore le rôle des personnes malades et leur apport aux connaissances médicales sont autant d’exemples qui montrent qu’une telle interdisciplinarité permet de faire émerger de nouveaux objets, et avec eux, de nouvelles méthodologies.


Ces savoirs acquis participent aujourd’hui d’une dynamique spécifique dans la compréhension, l’anticipation et la prévention des problèmes publics de santé. Ils participent d’autres manières d’appréhender les problèmes médicaux, mettant notamment en évidence les effets des inégalités d’accès à la santé dans les mécanismes de propagation des maladies. Ils favorisent des logiques d’intervention publique longtemps considérées uniquement à travers le prisme de l’univers médical. Pour autant, alors que la santé est devenue plus présente dans l’espace public avec des découvertes scientifiques fortement médiatisées, les Sciences humaines et sociales demeurent sous-représentées dans les sphères publiques médiatiques, cabinets politiques et comités. Ce fut le cas du Conseil scientifique COVID-19, où seulement deux représentants des SHS étaient présents, contre seize spécialités médicales. Cet épisode a pourtant mis en lumière l’entrelacement des questions sanitaires et d’un certain nombre de bouleversements environnementaux, sociaux et politiques qui exacerbent les inégalités sociales et territoriales. La pauvreté, la vulnérabilité, les conditions de vie personnelles et professionnelles précaires, ainsi que la méfiance envers les institutions convergent en effet pour exposer davantage certaines populations aux crises sanitaires et environnementales. De manière significative, ces défis sanitaires et environnementaux s’accompagnent d’une éco-anxiété, d’une vulnérabilité et d’une diminution de l’autonomie et du bien-être, qui sont aujourd’hui largement documentées.

Une interdisciplinarité active et un dialogue ouvert

Trop souvent centrés sur la recherche d’une cause unique et d’une résolution technique et simple au problème – comme la découverte d’un nouveau traitement –, nous omettons parfois les chaînes complexes, systémiques et multiscalaires entre le développement d’un traitement, sa disponibilité et son utilisation par les individus, eux-mêmes inscrits dans un contexte de variables historiques, culturelles, psychologiques, sociologiques, économiques, info-communicationnelles et géographiques intriquées. Cette prédominance des questions de santé souligne la nécessité d’intégrer la prise en compte de ces dimensions de la vie humaine dans la gestion des crises. Ce sont ces diverses dimensions et perspectives que les SHS apportent aux questions environnementales et de santé qui nous intéressent particulièrement. Il s’agit donc de promouvoir et de rendre visible une interdisciplinarité active, inscrite en complémentarité avec les disciplines médicales face à des crises contemporaines aujourd’hui bien identifiées. Soulignant les dimensions sociales, culturelles et économiques dans les politiques de santé et d’environnement, favorisant un dialogue ouvert et critique avec les communautés ainsi que des interventions ciblées pour réduire les disparités et les inégalités, comment les SHS peuvent-elles participer à construire une approche plus intégrative, équitable et complexe de la santé ?


ICARES, l’Institut pour la Compréhension, l’Anticipation et l’inteRvention en Environnement et Santé globale, vise à contribuer à répondre à cette question en capitalisant sur les atouts de la recherche française pour développer la santé globale en tant que domaine académique à l’échelle régionale et nationale. 

Objectifs du projet

1. Valoriser la recherche existante au sein de l'UPVM dans les domaines de l’environnement et de la santé.

2. Structurer et instituer un groupe centré sur l'apport des SHS à la santé globale, au-delà des approches strictement techniques de la santé, fondé sur la pluri/inter/disciplinarité en SHS, sur le dialogue science-société et répondant aux standards de l’éthique et de la science ouverte.

3. Permettre à l’UPVM, université de LLASHS, de jouer un rôle moteur dans l’écosystème territorial sur les enjeux de transitions en environnement et santé.

Axes thématiques

Pour atteindre ces objectifs, ICARES se structure scientifiquement autour d’une méthodologie associant les professionnels et les usagers à chaque étape de projets visant à mieux :


1. Comprendre, dans leur complexité, les enjeux de santé et leurs déterminants en tenant compte du fonctionnement des acteurs/organisations et de leurs interactions au sein d’un écosystème envisagé dans sa globalité ;


2. Anticiper les trajectoires de santé et les crises à venir sur la base de modèles prédictifs établis, et l’effet probable des dispositifs et interventions dans ces contextes ;


3. Intervenir en planifiant des dispositifs innovants, en particulier de prévention, incluant leur évaluation et l’accompagnement de leur déploiement en contexte réel (notamment en termes d’accès du public)

Dernière mise à jour : 28/03/2024