Comment « écrire » l'histoire des Tsiganes ?
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Question posée à Henriette Asséo : L'idée d'une langue commune a nourri et se nourrit en retour de la thèse de l'origine indienne des Roms. À partir de cette origine indienne, les Tsiganes sont désormais présentés comme un peuple de la diaspora marqué par une longue histoire de marginalisations et de persécutions. La structure du manuel scolaire utilisé en Roumanie pour l'enseignement de l'histoire et de la culture des Roms témoigne de cette vision d'un peuple errant et victime.
Que pensez-vous de la façon dont on « fait » aujourd'hui l'histoire des Tsiganes ?
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Comprendre l'extrait :
Il y a d'un côté une histoire victimaire des Tsiganes qui met l'accent sur les persécutions et les processus de marginalisation subis par les Tsiganes au cours des siècles. Cette histoire est celle sur laquelle s'appuient les leaders politiques roms pour construire l'unité du peuple et fonder aussi leurs revendications. H. Asséo ne s'inscrit pas dans ce discours univoque, mais privilégie une histoire des Tsiganes qui met l'accent sur la persistance et la résistance des Tsiganes au cours des siècles. Elle s'intéresse aux formes extrêmement diverses qu'a pris cette persistance en fonction des conjonctures régionales princières, religieuses, guerrières dans lesquelles les Tsiganes étaient partie prenante. Dans la suite de l'entretien non reproduit ici, elle étaye sa thèse de la persistance des Tsiganes en Europe par des exemples très précis illustrant l'enracinement et l'intégration des Tsiganes dans les sociétés de différentes époques.
Pour aller plus loin :
H. Asséo (1989), « Pour une histoire des peuples-Résistances » in P. Williams, Tsiganes : identité, évolution, Paris, Syros