les enjeux de la dénomination « Rom »
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Question posée à Henriette Asséo :
Que pensez-vous de la disqualification du terme « Tsigane » recommandée par les leaders politiques roms ? Quels sont les enjeux autour de la dénomination « Rom » ?
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Situer l'extrait :
Pour répondre à cette question, Henriette Asséo commence par rappeler que le terme « Tsigane » vient d'Europe centrale et orientale et est entré dans le vocabulaire de la culture européenne savante comme un terme positif et générique désignant des populations variées. Ce terme a été décliné dans les différentes langues nationales : « Zigeuner » en allemand, « Zingari » en italien... Cette dénomination savante coexistait avec les dénominations en romani propres à chaque famille et donc extrêmement variées. Cependant, dans l'ère germanique après les persécutions de la Seconde Guerre mondiale, les leaders roms ont refusé le terme « Zigeuner » lui préférant les termes de « Sinti et Roma » désignant en fait deux sous-ensembles antropologico-historiques des Tsiganes. Elle en vient enfin à expliquer comment le terme « Rom » a été imposé pour l'ensemble des Tsiganes très récemment dans le cadre des politiques en faveur des minorités développées surtout à partir de 1989.
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Comprendre l'extrait :
Le terme « rom » pour désigner l'ensemble des Tsiganes s'est imposé de part une tradition politique d'Europe de l'Est qui privilégie l'appartenance à une minorité plutôt qu'à une nation abstraite : cette dénomination permet la mise en place d'une histoire homogène des Tsiganes sur le modèle des « jewish narratives ». Or l'autre versant de ce processus est la réactivation d'un imaginaire raciste qui conduit à une « dénationalisation » des Tsiganes d'Europe.