Monsieur Der DABIRE
soutiendra mercredi 5 février 2025 à 14 h
En tout distanciel
une thèse de DOCTORAT, préparée en cotutelle avec l’Université Nazi Boni (Burkina Faso)
Discipline : Sociologie
Titre de la thèse : Agropastoralisme au Burkina Faso et mise en œuvre des interventions de mitigation du changement climatique
Composition du jury :
- Mme Véronique ANCEY, Chercheuse habilitée, CIRAD Montpellier, directrice de thèse
- Mme Valérie BOUGOUMA-YAMEOGO, Professeure, Université Nazi Boni (Burkina Faso)
- Mme Astou DIA CAMARA, experte
- M. Ramane KABORE, Professeur, Université Joseph Ki-Zerbo (Burkina Faso)
- M. Charles-Henri MOULIN, Enseignant-Chercheur habilité, Supagro Montpellier
- M. Patrice TOE, Professeur, Université Nazi Boni (Burkina Faso), codirecteur de thèse
Résumés de la thèse :
Cette thèse a été initiée pour contribuer à la compréhension des processus d’émergence du problème des changements climatiques dans l’espace public national et communal de développement agropastoral au Burkina Faso. Elle s’est appuyée sur une démarche socio-anthropologique basée sur des enquêtes auprès de 174 personnes comprenant des acteurs des politiques d’élevage et des agropasteurs. Ces enquêtes ont été complétées par une analyse des documents officiels sur les CC, un recueil de statistiques officielles du Ministère de l’élevage et des séances d’observation. Les principaux résultats montrent que la notion des CC est connue par 95% des enquêtés à travers les rencontres ; l’université ; la radio, l’école de formation professionnelle, la lecture et au collège. La majorité des enquêtés portent l’image d’un pastoralisme moins émetteur de GES(71%), plus victime des effets des CC (95%) et moins résilients (70%).
Par ailleurs, le problème des changements climatiques a été inclus officiellement dans l’agenda national des politiques publiques au Burkina Faso depuis 1994 par le ministère de l’environnement sous l’impulsion de la coopération internationale à travers la réalisation des inventaires de GES, la création de textes réglementaires et de structures spécialisées et l’élaboration d’une stratégie nationale avec pour objectif de saisir les opportunités de financement et de partenariat y afférents et en faisant la jonction entre CC et les épisodes récurrents de sécheresse, d’inondations, de chaleur intense, de froid intense ; la désertification ; la dégradation des terres ; la déforestation et l’érosion de la biodiversité. Cependant, elle est mise en œuvre à travers une forte bureaucratisation au niveau national, une participation permanente aux COP et l’exécution d’une gamme variée de projets d’adaptation et d’atténuation des CC dans les communes en impliquant en majorité des acteurs internationaux dans un contexte de jeu d’acteurs conflictuel
En outre, l’élevage a été inclus dans cette action climatique depuis la définition de la stratégie nationale en 2000 comme un secteur d’activité important qui génère des recettes d’exportation mais vulnérable aux effets des changements climatiques, source d’émission de GES, en particulier le CH4 et présentant un potentiel d’atténuation. La consolidation du problème des changements climatiques sur l’agenda des politiques d’élevage a été faite par certains bailleurs de fonds, la FAO et les instituts de recherche spécialisés sur l’élevage. Cependant sa mise en œuvre s’est limitée à la création d’une structure spécialisée et à la production de plans d’action sur les changements climatiques sans financement ; ni personnels formés, ni d’appui technique.
Par conséquent, la stratégie des agents du ministère de l’élevage consiste à remobiliser les programmes budgétaires, les projets de développement et de recherche-développement sur le pastoralisme financés par des bailleurs de fonds extérieurs à travers la mise à disposition des populations agropastorales d’équipements subventionnés, accompagnée de sessions de sensibilisation, d’information et de formations gratuite. Quant aux populations agropastorales, leur stratégie consiste à vivre avec les CC en combinant des pratiques habituelle et nouvelles d’élevage. Enfin, les politiques publiques climatiques sont perçues comme une injonction par les cadres du ministère de l’élevage et comme ressource supplémentaire pour les agents de terrain et les populations agropastorales. En perspective, ces résultats appellent à des actions innovantes pour améliorer l’efficacité de l’action climatique burkinabè et des recherches approfondies sur le renouvellement des thèmes de recherche, des discours et des pratiques d’appui au pastoralisme et la co-construction de nouvelles références techniques, socio-économiques et politiques de soutien au pastoralisme.
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This thesis was initiated to contribute to the understanding of the emergence processes of the climate change problem in the national and communal public space of agropastoral development in Burkina Faso. It relied on a socio-anthropological approach based on surveys of 174 people, including stakeholders in livestock policy and agropastoralists. These surveys were supplemented by an analysis of official documents on CC, a collection of official statistics from the Ministry of Livestock and observation sessions. The main results show that the notion of CCs is known by 95% of respondents through meetings; university; radio, vocational training school, reading and college. The majority of respondents had an image of pastoralism as less of a GHG emitter (71%), more of a victim of the effects of CC (95%) and less resilient (70%).
Moreover, the problem of climate change has been officially included in Burkina Faso's national public policy agenda since 1994 by the Ministry of the Environment, under the impetus of international cooperation, through the completion of GHG inventories, the creation of regulatory texts and specialized structures, and the development of a national strategy with the aim of seizing related funding and partnership opportunities, and by linking CC to recurrent episodes of drought, flooding, intense heat, intense cold ; desertification; land degradation; deforestation and biodiversity erosion. However, it is implemented through heavy bureaucratization at national level, permanent participation in COPs and the implementation of a varied range of CC adaptation and mitigation projects in the communalities, mostly involving international actors in a context of conflicting stakeholder games.
In addition, livestock farming has been included in this climate action since the definition of the national strategy in 2000, as an important sector of activity that generates export revenues but is vulnerable to the effects of climate change, a source of GHG emissions, particularly CH4, and a potential source of mitigation. The problem of climate change has been consolidated on the livestock policy agenda by a number of donors, the FAO and specialized livestock research institutes. However, its implementation has been limited to the creation of a specialized structure and the production of action plans on climate change, without funding, trained personnel or technical support.
Consequently, the strategy of the Ministry of Livestock's agents is to remobilize budget programs, development projects and research and development on pastoralism financed by external donors, by making subsidized equipment available to agropastoral populations, accompanied by awareness-raising sessions, information and free training. As for agropastoral populations, their strategy is to live with CC by combining traditional and new livestock practices. Lastly, public climate policies are perceived as an injunction by Ministry of Livestock executives and as an additional resource for field agents and agro-pastoralists. These results call for innovative actions to improve the effectiveness of Burkina Faso's climate action, and for in-depth research into the renewal of research themes, discourses and practices in support of pastoralism, and the co-construction of new technical, socio-economic and political references in support of pastoralism.