Le parchemin
Le parchemin aurait été inventé au IIe siècle avant J.-C. par les habitants de Pergame. La capitale du royaume hellénistique d'Asie Mineure possédait une magnifique bibliothèque de 200 000 volumes. Après qu'elle eut été incendiée, Ptolémée Epiphane (205-182 avant J.-C.), redoutant qu'elle ne concurrence la bibliothèque d'Alexandrie riche de 400 000 volumes, interdit l'exportation du papyrus afin que les scribes de Pergame ne puissent reconstituer une bibliothèque susceptible de concurrencer la sienne. Contraints de trouver un produit de remplacement, les habitants de Pergame auraient selon Varron et Pline inventé le parchemin ou « peau de Pergame ». Dans l'édit qu'il promulgue en 301 après J.-C. intitulé De pretiis rerum venalium, l'empereur Dioclétien utilise l'expression « membrana pergamena ». Cette mention est la plus ancienne connue et atteste l'existence de ce nouveau support. Toutefois, il semblerait que l'existence du parchemin soit antérieure au récit de Pline l'Ancien et à l'édit de Dioclétien .
Quoi qu'il en soit avec le développement du christianisme, le parchemin fit concurrence au papyrus qu'il finit par remplacer presque complètement. Il présente en effet de nombreux avantages. Les peaux se trouvant partout, l'obtention du parchemin n'est pas tributaire d'une seule région. N'étant pas friable il peut être plié pour former des cahiers. Ses deux côtés peuvent accueillir un texte et un décor. Enfin il peut être gratté et réutilisé. À partir du IVe siècle, son usage devient courant et perdure jusqu'au XVe siècle, moment où il est fortement concurrencé par le papier fabriqué en Occident dès avant le XIIIe siècle. L'imprimerie précipite ensuite son déclin et il devient réservé à une production de luxe.
La qualité des parchemins est très diverse : certains sont épais comme du cuir, d'autres fins comme du papier à cigarettes ; ils peuvent être gris, jaunâtres ou blancs. Leur diversité tient d'abord à l'espèce animale qui a fourni la peau, ensuite aux procédés de fabrication, variables selon les époques et différents en Orient et en Occident.
Nous avons conservé deux recettes de préparation de ce support, respectivement du VIIIe et du XIIe siècle :
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pergamena quomodo
fieri debeat. Mitte illam in calcem et iacet ibi per tres dies. Et tende illam
in cantiro. Et rade illam cum nobacula de ambas partes et alxas dessiccare.
Deinde quodquod volueris scapilatura (?) facere, fac. Et postea tingue
cum coloribus,
« Comment on doit fabriquer le parchemin. Place-le dans la chaux et laisse l'y pendant trois jours. Étends-le dans un bac d'eau. Racle-le avec un grattoir des deux côtés et laisse-le sécher. Ensuite fais tout ce que tu voudras faire avec un canif (?). Puis teins-le à l'aide de couleurs », -
primo cum
rasorio pergamenum purgare de onguedine et sordes magnas auferre ; deinde
cum pumicie pilos et nervos omnino abstergere, quod si non faceret littera
imposita nec valeret nec diu durare posset,
« Avec un rasoir nettoyer le parchemin de sa graisse et enlever les plus grandes impuretés ; ensuite supprimer entièrement poils et nerfs avec une pierre ponce, sans quoi la lettre écrite ne saurait et ne pourrait y demeurer longtemps » .
et :